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Le diabétique et le jeûne du mois Saint de Ramadan

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African Muslim Man Is Praying In The MosqueC’est parti, depuis ce samedi 27 mai, pour un mois lunaire de jeûne chez les milliers de musulmans togolais qui s’attellent à plaire à leur Créateur, en respectant ce quatrième pilier de leur religion. Cependant, la question qui revient souvent, en consultation médicale, est celle du jeûne chez le diabétique. Est-il possible ?, quels sont les risques ?, comment jeûner sans nuire à ma santé ? À priori, la coalition du jeûne avec le diabète n’est pas conseillée, mais est possible, à condition d’une discipline stricte et surtout d’une alimentation équilibrée. Et ce sont ces points que nous nous évertuerons de rappeler ici.

Ce qu’il faut comprendre

Il faut savoir que le diabète est une maladie qui se développe lorsque le pancréas ne produit plus assez d’insuline (diabète de type 1) ou bien lorsque l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline produite (diabète de type 2).

Pour le type 1, il requiert des injections de cette hormone qui régule la concentration de glucose dans le sang ; et pour le type 2, le traitement fait appel à des médicaments variés.

Le glucose, issu de notre alimentation, est indispensable à notre vie puisqu’il pénètre dans nos cellules, sous l’action de l’insuline, où il servira à fabriquer de l’énergie. Chez le diabétique, l’insuline, étant insuffisante ou mal utilisée, n’empêche pas une élévation de la quantité de glucose dans le sang qui devrait être normalement autour de 1g/L.

Les thérapeutiques utilisées ont pour objectif de pallier cette hyperglycémie en apportant soit de l’insuline artificielle par les injections ou par des médicaments pour éviter les complications qui en résultent.

Le diabétique dont le traitement n’est pas encore arrivé à équilibrer sa glycémie, en fonction de son régime alimentaire, s’expose davantage au cours de la période de jeûne à plusieurs risques. Il s’agit entre autres de l’hypoglycémie, au cours de la journée, liée à la diminution des apports, de l’hyperglycémie, après la rupture du jeûne le soir, liée à un apport trop calorique, et de l’acidocétose liée à une mauvaise utilisation de l’insuline ou à la déshydratation, qui peuvent être fatales aux jeûneurs.

Des dispositions à prendre

Pour éviter ou réduire ces risques sus-cités, il est préférable de prendre attache avec un médecin pour évaluer les risques auxquels on s’expose et adapter son traitement antidiabétique à ce mois de privation.

Mais lorsque le diabète est mal équilibré (hypoglycémie ou hyperglycémie fréquentes) malgré les médicaments, il est fortement déconseillé de jeûner. De même, lorsque votre diabète est compliqué, d’autres maladies telles que l’insuffisance rénale, une infection en cours, l’insuffisance cardiaque ou chez les femmes enceintes diabétiques, il est préférable d’évoquer les sourates du Saint Coran qui vous en dispensent.

A part l’adaptation du traitement, plusieurs mesures liées à l’alimentation sont à respecter. Par exemple, évitez une alimentation trop grasse, des boissons trop sucrées et la surcharge de l’estomac surtout à la rupture du jeûne par de grosses collations. Privilégiez plutôt le fractionnement de votre plat sur 2 ou 3 repas à la rupture du jeûne, optez pour des modes de cuisson sains avec le four, le gril, la vapeur et buvez au moins 1,5 litre de boisson (eau) par jour.

L’éducation de votre entourage par rapport aux symptômes devant lesquels ils doivent vous contraindre à rompre le jeûne immédiatement est aussi importante. Il s’agit entre autres des tremblements, de la transpiration inexpliquée ou de l’anxiété. Devant un état comateux ou des difficultés à respirer, ils doivent vous amener consulter un médecin.

Il est également important de contrôler sa glycémie plus fréquemment, au cours de ce mois, avant et 2h après le repas ainsi que lorsqu’un malaise survient.

Pour finir

Retenons que faire le jeûne en étant diabétique est possible, mais il faut un suivi médical très rigoureux. En cas d’impossibilité de respecter ce quatrième pilier de l’Islam, des mesures de remplacement sont prescrites dans le Coran à la Sourate II, verset 184.

Badomta DOLAAMA, Médecin