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PARIS COP 21 : UN MONDE HABITABLE POUR NOS ENFANTS

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S.E.M. Nicolàs Berlanga Martinez, Chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo
S.E.M. Nicolàs Berlanga Martinez, Chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo

Imprévisibilité des saisons des pluies en Afrique, sécheresse en Californie, inondations records au Bangladesh, montée des eaux dans les îles du Pacifique, feux de brousse en Australie, fonte de la calotte glacière aux pôles, le changement climatique n’est pas un mirage mais une réalité qui coûte des milliards de Francs CFA chaque année et qui risque de ne pas laisser un monde vivable à nos enfants.

Les activités humaines, et notamment l’émission des gaz à effet de serre et la déforestation, sont en train de modifier le climat de la planète. L’impact ne se limite pas à une montée du niveau des océans, avec des sécheresses et des pluies moins régulières : les pressions sur les ressources augmentent. Nous tous sommes concernés.

Au Togo, les populations constatent depuis plusieurs années un dérèglement du calendrier des saisons sèches et des saisons des pluies, affectant très concrètement la qualité et les quantités des récoltes. Les intempéries sont devenues moins prévisibles et surtout, plus extrêmes. Nous avons tous en mémoire les fortes inondations vécues en 2008 et 2010 à Lomé. La saison des pluies 2015 étonne par son intensité. La désertification et la déforestation sont de plus en plus visibles, à cause de l’activité de l’homme notamment. L’érosion côtière est facilement observable pour celui qui sillonne régulièrement le littoral togolais.

Le 17 juin nous célébrons la journée européenne de la diplomatie du climat. L’Union européenne est depuis longtemps en première ligne dans la lutte contre ce qui est l’un des principaux défis à échelle planétaire. C’est sous l’impulsion de l’Europe qu’a été signé en 1997 le Protocole de Kyoto, le plus ambitieux mécanisme visant à limiter les gaz à effet de serre. Ce Protocole devra être remplacé lors de la Conférence des Nations unies pour le changement climatique, dite « COP 21 », qui aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre.

Comme l’appelle de ses vœux la communauté scientifique, l’UE souhaite limiter le réchauffement climatique au maximum à 2º par rapport à la moyenne de la Terre en 1900. L’Europe est prête à faire sa part du chemin avec une réduction des émissions de 40% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. Lors du récent G7 organisé à Elmau en Allemagne,les sept pays parmi les plus industrialisés du monde (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie) ont renforcés cet engagement en proposant une réduction d’ici à 2050 des émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 40 et 70 % par rapport à 2010; l’engagement de Copenhague visant à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an à horizon 2020 pour financer la lutte contre le changement climatique a été rappelé. Cela requiert un engagement juridiquement contraignant et avec des délais raisonnables. La lutte contre le changement climatique n’est par ailleurs pas contraire au développement économique ; entre 1990 et 2012, l’UE a réduit ses émissions de 19%, alors que sa croissance économique a atteint 45%.

L’UE apprécie à sa juste valeur l’engagement international du Togo en faveur d’une solution face à cet enjeu crucial, et reconnaît que la participation du Togo à une réponse commune doit être différenciée et compatible avec les autres défis qu’il doit relever : le développement, la création d’emploi, la croissance démographique, la sécurité maritime et la stabilité régionale.

Quand la communauté internationale, y compris la société civile, se réunira à Paris en décembre, le Togo, un pays à très faible niveau d’émissions de CO2, serait en droit de demander- avec d’autres pays dans une situation similaire – aux plus gros pollueurs de faire un effort pour limiter ces émissions au maximum.

 Un autre sujet de débat sera les risques les plus imminents et comment s’y adapter. Dans cette discussion, le Togo serait bien placé pour sensibiliser les participants à deux problèmes fondamentaux et pressants: l’érosion côtière et la déforestation. Cela amènera au troisième chapitre : quel financement est disponible pour accompagner les actions d’atténuation des causes du changement climatique, d’adaptation à ses effets, et la transition vers des économies qui ne mettent pas au péril notre avenir ?

 L’Union européenne et le Togo ont toutes les raisons de s’allier et d’apporter ensemble des réponses à ces trois défis. Cela ne serait pas la première fois que l’UE ferait alliance avec l’Afrique et la coalition des Petits Pays Insulaires pour les défendre. Le Togo, par son action déterminée et sa sensibilité aux questions environnementales, peut être fédérateur d’une position commune au sein du Groupe Afrique – comme il s’emploie à l’être dans les domaines de la sécurité maritime et du développement.

 L’UE sera solidaire du Togo pour relever le défi commun du climat ainsi que ceux qui sont propres aux sociétés en plein essor économique, social et politique. Il ne s’agira probablement pas seulement d’argent mais aussi de la promotion des énergies renouvelables, de l’intégration de l’environnement comme sujet transversal dans toutes les politiques publiques, d’un apprentissage conjoint de la gestion rationnelle des ressources naturelles menacées, de l’alerte précoce contre les catastrophes, de la promotion des investissements répondant à un modèle plus respectueux du climat … Des actions concrètes sont d’ores et déjà en cours: la coopération allemande accompagne le Togo dans sa lutte contre la déforestation et la désertification, la coopération française est active dans la gestion des déchets et de leurs émissions, la coopération européenne finance la lutte contre les inondations. Nous souhaitons tous promouvoir les énergies renouvelables au Togo, pour ne citer que quelques exemples.

 A quelques mois de la conférence de Paris, il y a encore des pays qui hésitent sur leurs positions. Il existe encore des investisseurs qui mettent en avant les bénéfices à court terme, au préjudice de l’avenir de nos enfants. Nous encourageons le Togo et la société civile togolaise à faire entendre leurs voix, avec celles des autres Africains. Travaillons ensemble pour que la Conférence de Paris soit un succès pour tous, au service du développement équitable et respectueux de notre maison commune.

 

Cet article est co-signé par les Ambassadeurs de l’Union européenne et ses Etats membres au Togo.

 S.E. M Nicolás BERLANGA MARTINEZ, Ambassadeur, Chef de Délégation de l’Union européenne

S.E. M. Marc FONBAUSTIER, Ambassadeur de France

S.E. Dr. Volker BERRESHEIM, Ambassadeur d’Allemagne